Comment Black Hair lover est né ?
Dernière mise à jour : 2 mai 2022

To mother nature
Mes souvenirs les plus vieux avec mes cheveux remontent à mes huit ans. Je revois ma mère m'asseoir sur la chaise du salon, le matin, avant le départ pour l'école. Dans ma tête, je me dis, le supplice commence : peigne à dents larges, quelques gouttes d'eau par-ci par-là et c'est parti pour la douleur.
Je me rappelle de la sensation du peigne qui tire et tire encore sur mon cuir chevelu parfois jusqu'aux pleurs.
Je me rappelle à quel point je détestais mes cheveux et je maudissais la nature de ne pas m'avoir donné des cheveux lisses ou au moins bouclés.
Je me rappelle aussi que c'était pareil pour mes cousines, mes copines et toutes les filles noires autour de moi.
Le défrisage
Je me rappelle aussi que la seule solution qui apparaissait était le défrisage. Ma mère a toujours été très sévère, je l'ai toujours craint. ET POURTANT...le mercredi après-midi, quand j'allais chez ma mamie, je me rappelle de ma tante qui me défrisait les cheveux dans le dos de ma mère.
Je savais que j'allais me prendre la raclée du siècle quand elle allait venir en fin de journée, mais le bonheur d'avoir les cheveux lisses valait bien une bonne dérouillée.
Je me rappelle de la sensation de brûlure et de piqûre partout sur mon crâne. J'avais mal, mais je savais qu'il fallait tenir le coup pour avoir la récompense après, des cheveux lisses, mais toujours pas longs (on ne peut pas tout avoir, je pensais alors...)
L'appel du naturel
Je me rappelle aussi qu'un jour ma mère a cédé et j'ai pu me faire défriser les cheveux autant que je le souhaitais. Pourtant, vers mes 15 ans, j'en ai eu marre. Je ne voulais plus mettre ce produit sur mes cheveux, alors j'ai arrêté et je me suis résignée : mes cheveux ne seront jamais longs, jamais lisses, jamais bouclés, jamais faciles à manier, mais c'est ainsi que la nature m'a faite.
Je me rappelle avoir voulu faire des locks à l'entrée à l'université. Je me rappelle du bonheur que j'ai ressenti en voyant mes cheveux pousser, pousser et encore pousser.
Je me rappelle aussi du jour où j'ai décidé d'arrêter les locks. À l'aube de mes 30 ans, j'ai eu envie de retrouver le touché de mes cheveux crépus, sans les nœuds des dreads..
Je me rappelle la joie de retrouver le touché de mes cheveux et les longueurs que j'avais gagné en démontant mes locks. C'était incroyable, je n'avais jamais vu mes cheveux, sans locks, aussi longs.
Je me rappelle que j'ai alors pris mon peigne afro, pris mon peigne à dents large et recommencer les gestes que je faisais à 13 ans. Les gestes que ma mère, que toutes les mères noires ont faits avec leur petite fille.
Je me rappelle voir mes longueurs se perdre dans le fond de mon lavabo de mois en mois.
Je me rappelle avoir eu un déclic : ce n'est pas possible. Il y a forcément quelque chose que je fais mal.
Je me rappelle aussi qu'Internet fait des miracles. Parmi ces miracles, il y a une merveilleuse communauté de femmes noires qui a créé, imaginé, réinventé des méthodes pour qu'on sache comment aimer nos cheveux crépus, métisses et surtout les voir pousser.
Je me rappelle avoir enfin trouvé les bons gestes, la méthode, la patience, pour enfin faire la paix avec mes cheveux.
C'est tout cela aujourd'hui que je veux te transmettre.